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A quoi sert le développement, si ce n’est pas dans l’intérêt du progrès social ?

27 Juillet 2015
La troisième Conférence internationale sur le financement du développement (FFD3), organisée à Addis-Abeba, arrive à une époque particulièrement difficile. L’économie mondiale lutte toujours pour se remettre complètement de la crise économique et financière internationale qui a éclaté en 2008.

Aux côtés d’autres syndicats et partenaires de la société civile, l’ISP joue un rôle actif dans le programme de développement pour l’après-2015, et a notamment participé à la troisième Conférence internationale sur le financement du développement (FFD3), qui s’est tenue du 13 au 16 juillet à Addis-Abeba, en Ethiopie.

Le Secrétaire régional de la région Interamériques, Jocelio Drummond, a représenté l’ISP lors de la table ronde sur le commerce, intitulée Table ronde n°4 : Assurer la cohérence politique et un environnement favorable à tous les niveaux pour le développement durable.

« L’état actuel du commerce mondial reflète le déséquilibre des pouvoirs entre les pays les plus développés et les moins développés. Les conflits au regard de la sécurité alimentaire continuent de menacer les tentatives des pays en développement visant à ce que la famine ne vienne plus faire obstacle au commerce, sans égard pour les objectifs politiques légitimes.

Réserver le même traitement aux solutions politiques dont les pays en développement ont besoin, qu’à celles des pays développés, vient mettre à mal le principe ancestral des responsabilités communes, mais différenciées, et risque de creuser davantage les inégalités.

Le projet actuel de l’Accord d’Addis-Abeba ne s’intéresse guère à ces facteurs, et ne saisit donc pas cette opportunité majeure d’encourager le développement des économies le moins développées au monde, par le biais d’un commerce à la fois juste et durable.

Le principe de responsabilités communes mais différenciées doit être la pierre angulaire du commerce mondial.

Il est irréaliste de considérer que les pays en développement attireront des investissements étrangers directs, de la même façon que les pays développés. Il est tout aussi irréaliste de croire que les investissements étrangers directs offriront les mêmes avantages aux pays en développement.

Les pays les plus développés au monde semblent avoir oublié qu’aux prémices de leur industrialisation, ils avaient maintenu des obstacles pour renforcer les industries naissantes et fait appel à l’intervention de l’Etat en vue de stimuler la politique industrielle.

En outre, c’est souvent l’investissement dans le secteur public qui déclenche les principaux moteurs de la croissance économique dans les pays en développement. Eduquer et préserver une population active en bonne santé, investir dans les infrastructures et soutenir des institutions publiques fortes, sont autant d’éléments fondamentaux qui permettent de stimuler la croissance économique dans les nations en développement et qui requièrent un investissement public solide. C’est pourquoi les pays en développement doivent pouvoir recourir à tous les instruments réglementaires et politiques possibles. Et ce sont justement ces aspects de politique intérieure que les accords « OMC Plus » tentent de restreindre.

L’analyse des dernières divulgations sur l’Accord sur le commerce des services révèle qu’il n’existe pratiquement aucune responsabilité différenciée pour les pays en développement. Les avantages modestes, mais non moins importants, acquis dans le cadre de l’AGCS au regard du développement, sont en train de partir en fumée dans ces négociations secrètes.

Il est nécessaire d’entreprendre un examen rigoureux coûts-bénéfices, sur la base d’hypothèses réalistes, avant que les pays en développement ne décident (ou ne soient contraints) d’accepter des accords commerciaux en supposant que ces accords viendront stimuler le développement économique. De surcroît, les politiques sociales constituent des objectifs légitimes pour les nations développées. A quoi sert le développement, si ce n’est pas dans l’intérêt du progrès social ?

Avant que les pays ne prennent la décision de rejoindre ces accords commerciaux, il s’avère également important d’analyser leur impact sur les droits humains, afin d’avoir la certitude que ces accords ne viendront pas compromettre les obligations internationales visant à promouvoir les droits humains. Les conséquences sur l’environnement, ainsi que sur le travail, doivent également être prises en compte.

Enfin, nous appelons les gouvernements à réexaminer les clauses de règlement des différends entre investisseurs et États. En effet, de telles clauses confèrent aux investisseurs étrangers des droits dont les entreprises locales ne disposent pas. Elles viennent renforcer les droits permettant aux grandes entreprises étrangères d’intervenir dans les politiques intérieures des pays en développement, sans tenir compte des intérêts du pays en matière de développement, ni du déséquilibre des pouvoirs entre ces multinationales et les pays en développement. 

Pour de plus amples informations sur les activités de l’ISP lors de la FFD3, consulter :

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