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Monsieur le Directeur général,
Chers participants à la Conférence,
Je m’exprime au nom des 20 millions d’employés des services publics qui assurent votre protection et celle de vos familles. Ils sont en première ligne lors des catastrophes d’origine naturelle et humaine, prennent soin de votre santé dans les hôpitaux, perdant souvent la vie pour sauver la vôtre comme ce fut le cas récemment avec la dramatique épidémie d’Ebola. Ils s’occupent de vos enfants à l’école et enregistrent les naissances, les mariages, les divorces et les décès. Ces mêmes salariés veillent à votre approvisionnement en eau, pour que vous puissiez boire ou pour prendre un bain, et en électricité pour vous chauffer ou vous rafraîchir.
Bien que la prestation de services publics relève directement des responsabilités de l’État lui imposant de gouverner dans l’intérêt général et de remplir ses obligations relatives aux droits de la personne vis-à-vis de ses citoyens, les conditions de travail de nos membres sont en forte contradiction avec ces objectifs. Au cours des dernières décennies, les politiques d’austérité et les programmes d’ajustement structurel ont précarisé et externalisé 50% des emplois de la fonction publique, le plus souvent sans droit à la négociation collective ni droit de grève, et avec un accès limité à la sécurité sociale et aux droits à pension.
Cette stratégie est dictée par les banques et les entreprises qui poussent à la libéralisation constante du commerce, encouragent les mécanismes d’évasion fiscale et prônent souvent des politiques antisyndicales qui conduisent à un nivellement par le bas. Dans une large mesure, la crise financière a servi de prétexte pour imposer ces politiques.
Dans un monde plongé dans les conflits et marqué par les inégalités croissantes, les objectifs de la Constitution de l’OIT sont tout aussi pertinents qu’il y a 100 ans et nous défendons fermement le principe d’universalité des normes du travail en vue d’atteindre ce but et de garantir des salaires décents et la protection sociale pour tous les travailleurs et travailleuses. L’engagement en faveur des normes fondamentales du travail doit être ferme et il n’est pas acceptable qu’une partie puisse se désengager unilatéralement quand bon lui semble. L’ISP ne peut se résoudre à ce qu’il y ait place dans cette institution pour ceux dont l’objectif est d’effacer un siècle d’avancées sociales et économiques obtenues par nos prédécesseurs dans la perspective d’un avenir meilleur pour tous. Sa crédibilité en dépend.
L’OIT doit être le porte-parole de ses membres, animée par le désir d’être influente et d’œuvrer en vue d’un changement positif et de la justice sociale. Cette organisation est vraiment sans égal ; elle est le parlement mondial du monde du travail. Sa force réside dans la reconnaissance et le respect du rôle des trois mandants représentés ici. Il n’est donc pas indispensable d’inviter d’autres parties à débattre de l’avenir du travail. Ce projet est bien trop important pour le vider de sa substance.
Le Directeur général a déclaré que l’OIT doit prendre des mesures, car si nous ne le faisons pas – d’autres s’en chargeront. L’initiative consistant à signer un protocole d’accord avec l’ISO revenait pour l’OIT à s’engager dans une externalisation et une privatisation de facto d’une norme sur les systèmes de gestion de la santé et de la sécurité au travail.
Même si un accord est conclu, une norme ISO ne remplace pas le besoin d’une norme relevant du droit public international. L’ISP estime que la norme proposée bafoue le mandat de l’OIT et qu’elle devrait donc être rejetée. L’OIT doit créer une nouvelle norme internationale et ses mandants tripartites doivent partager la responsabilité de prévenir la mort de milliers de travailleurs et de travailleuses chaque année.
Les défis auxquels nous sommes confrontés sont gigantesques. 2015 est une chance historique de faire évoluer la réalité mondiale actuelle. Trop de personnes souffrent en raison des inégalités et de la pauvreté croissantes, attendant désespérément une vie meilleure. Des services publics universels de qualité, le travail décent et la protection sociale devraient être au cœur même du programme pour l’après 2015. Il ne s’agit pas d’une utopie idéologique. Cela peut devenir la réalité si la communauté internationale s’engage à mettre fin aux paradis fiscaux afin de consacrer les ressources à des investissements publics pour un développement durable et inclusif.
En conséquence, nous vous invitons à vous joindre à notre appel en faveur de l’exclusion des services publics essentiels de la promotion des PPP dans le cadre du programme de financement du développement. Nous détenons suffisamment de preuves que les PPP dans les domaines de la santé, de l’eau et de l’assainissement ainsi que de l’éducation ne remplissent pas leurs fonctions, ne conduisent pas au développement social et sont souvent plus coûteux.
Ayons le courage de nos ambitions pour instaurer le changement concret que le monde attend. Il est temps que les 99% de la population mondiale, nous tous qui représentons le vrai monde du travail, soient entendus et que les 1% les plus riches paient leur juste part.
L’avenir du travail nous appartient.
Merci.