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La dernière évaluation effectuée en 2012, à la demande de l’ISP, a confirmé que les professionnels de la santé en République démocratique du Congo (RDC) travaillent dans des conditions particulièrement difficiles, sur fond de demande accrue en équipements de protection. Les travailleurs et travailleuses sont ainsi exposés aux contaminations et au risque de décès dus aux épidémies, telles que les IST/VIH-sida et la maladie à virus Ébola.
Les régions étant distantes l’une de l’autre, le virus Ébola s’est moins propagé qu’en Afrique de l’Ouest, et le pays semble avoir moins retenu l’attention de la communauté internationale ; cependant, il ne cesse de ressurgir et y est aussi mortel et contagieux qu’ailleurs. Ces dernières années, plusieurs cas de décès dus au virus Ébola ont été signalés en RDC au sein de la population et du personnel soignant qui luttait au quotidien, sans protection adéquate, pour sauver des vies humaines. Par ailleurs, les infirmier(e)s, en particulier ceux et celles qui intervenaient dans les provinces du Nord et du Sud Kivu, l’Orientale et l’Équateur, zone de résurgence des conflits armés, sont confrontées à la violence sur leurs lieux de travail. Les professionnels de la santé ne sont pas protégés et les familles des agents de santé décédés n’ont jamais été indemnisées ou prises en charge par l’État.
L’État n’a jamais ratifié la Convention n° 149 de l’OIT sur l’emploi et les conditions de travail et de vie du personnel infirmier, ni la Convention n° 151 concernant la protection du droit d’organisation et les procédures de détermination des conditions d’emploi dans la fonction publique. En outre, le budget national affecté à la santé est tellement insignifiant qu’il ne peut couvrir les activités à organiser au profit de la population. La RDC est un pays à fort potentiel épidémique et le budget alloué à la santé n’est pourtant que de 5 %.
De surcroît, les ressources attribuées aux infrastructures sanitaires, pour peu qu’elles leur parviennent, sont mal gérées. Dans de telles circonstances, les structures sanitaires n’arrivent pas à assurer la couverture universelle des soins et ne sont pas en mesure de protéger les populations contre des crises sanitaires telles que l’Ébola et le VIH/sida.
SOLSICO, l’Association de solidarité des infirmières congolaises, l’affilié congolais de l’ISP dans le secteur de la santé, relève le défi et participe à la stratégie de réponse à Ébola. Un premier défi majeur est l’émiettement du mouvement syndical en RDC. Seuls les médecins, qui ont un statut spécial, participent à l’élaboration des politiques. Les syndicats des infirmières et agents de santé n’ont jamais été impliqués dans le processus de prise de décision sur la préparation à la crise, ni dans la réforme des structures sanitaires congolaises. Source de frustrations, cet état de fait ne fait qu’élargir le fossé entre les différentes catégories professionnelles du secteur de la santé. SOLSICO cherche à présent à réunir les différents syndicats du secteur de la santé autour d’une table en vue d’une meilleure collaboration.
Cependant les activités de SOLSICO ne se limitent pas qu’au mouvement syndical et touchent aux différents acteurs de la société civile, dans la perspective de créer un vaste réseau afin de soutenir les améliorations envisagées dans le secteur de la santé. Il s’agira également d’augmenter le budget de la santé, de ratifier puis de faire appliquer les conventions de l’OIT sur les conditions de travail et de vie du personnel de santé. Ce réseau aura sa place à la table de négociations et pourra prendre part au processus décisionnel afin de déterminer comment éradiquer la maladie, prévenir les crises et aborder les autres enjeux sanitaires en général.
En prélude à la création d’un tel réseau, SOLSICO œuvre aux côtés du syndicat HSWU du Ghana afin de déterminer comment collaborer de manière fructueuse et comment coordonner des campagnes conjointes de longue durée.
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