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La planète compte actuellement 209 millions de soignant-e-s. Ce nombre devrait monter jusqu’à 475 millions d’ici à 2030, en raison du changement des structures familiales, de la hausse de la dépendance vis-à-vis des soins et de l’évolution des besoins de soins. Le vieillissement de la population à travers le monde, conjugué à une hausse de l’emploi féminin en dehors du foyer, se traduit par une baisse du nombre de soignant-e-s non rémunérés au sein du foyer.
Toutefois, même la hausse du nombre de soignant-e-s risque de ne pas suffire pour dispenser des services sociaux de qualité. En 2015, ce sont 2,1 milliards de personnes qui avaient besoin de soins dans le monde. En 2030, ce chiffre devrait atteindre 2,3 milliards, dont 2 milliards d’enfants, 300 millions de personnes âgées et pratiquement 190 millions de personnes handicapées.
Autrement dit, les femmes, en tant que mères, sœurs, filles et parentes continueront d’assumer les tâches de soins non rémunérées dans leur famille. Si le temps de travail non rémunéré qui a été effectué était payé à l’heure, il s’élèverait à près de 11.000 milliards USD, soit 9% du PIB mondial.
Dans ce contexte, il sera impossible d’atteindre l’Objectif de développement durable n°5 : Parvenir à l’égalité des sexes. Une proportion importante de la population mondiale est dans l’incapacité d’accéder à des soins de qualité, ce qui portera par ailleurs préjudice à la réalisation de l’Objectif de développement durable n°3 : Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous.
Comment pouvons-nous éviter la crise qui se profile ? Comment pouvons-nous garantir un accès universel à des services sociaux de qualité ? Comment pouvons-nous veiller à ce que des millions de femmes et de filles qui risqueraient autrement d’être prises au piège du rythme pénible du travail non rémunéré puissent s’épanouir pleinement dans les différents domaines de l’activité humaine ?
Nous devons entreprendre une action collective. Les services sociaux et les soins doivent être correctement rémunérés. La valeur du travail lié aux soins doit être reconnue et évaluée par les autorités municipales, régionales et nationales de tous les pays. Il faut réduire de toute urgence les disparités salariales entre hommes et femmes qui ne cessent de s’aggraver. En outre, les conditions dans lesquelles les soins sont prodigués doivent être humaines et soucieuses de la dignité des personnels soignants.
L’organisation des syndicats est essentielle pour nous permettre de mener une action collective. Nous aiderons nos affiliés du secteur des soins à mieux défendre leurs membres et à se développer en mettant en place des campagnes de recrutement qui amèneront davantage de soignant-e-s dans le mouvement syndical. Avec un pouvoir syndical élargi, nous serons mieux placés pour influencer la politique sur le travail et les emplois relatifs aux soins.
Nous encouragerons les affiliés de tous les autres secteurs à prendre en compte, entre autres, les services de petite enfance dans leurs processus de négociation collective. Par exemple, un service de crèche devrait être prévu par les employeurs pour les mères qui allaitent mais, sur de nombreux lieux de travail, ce n’est pas le cas. C’est pourquoi les syndicats devraient faire figurer cet élément très important dans leurs conventions collectives.
En octobre, 8000 femmes de Glasgow ont jugé qu’il était temps de prendre des mesures décisives. Les membres de deux affiliés de l’ISP (UNISON et GMB) en Écosse ont organisé une grève de 48 heures pour protester contre la discrimination salariale fondée sur le genre dans les services publics. Il y avait parmi les grévistes des personnels de soins, des personnels scolaires, des agents d’entretien et de restauration. Elles ont parlé d’une seule voix, suite à 12 ans de combat devant les tribunaux et face au refus systématique du conseil municipal de Glasgow d’agir contre la discrimination salariale due au genre.
Il convient d’insister sur le fait qu’une action unie est nécessaire pour remporter la bataille du travail décent et de l’égalité des genres dans le secteur des soins. Ainsi, l’ISP et ses affiliés se sont associés aux camarades d’autres syndicats à travers le monde dans le cadre de la « Réunion stratégique du groupement Global Unions sur l’économie des soins », les 22-23 octobre à Nyon, en Suisse.
Cette réunion, qui a eu lieu au moment où nos camarades de Glasgow entamaient leur grève, était organisée par la Confédération syndicale internationale (CSI) et cinq Fédérations syndicales internationales : l’Internationale des Services Publics (ISP), l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA), l’Internationale de l’éducation (IE), la Fédération internationale des travailleurs domestiques (FITD) et UNI global union, avec la participation du réseau Femmes dans l’emploi informel : Globalisation et organisation (WIEGO).
Cette réunion a facilité les échanges de connaissances et d’expériences entre les différents syndicats mondiaux et leurs affiliés quant aux difficultés et aux possibilités d’organisation des travailleurs/euses du secteur des soins. Elle a également exhorté les responsables politiques à considérer les soins comme un bien commun dans lequel il faudrait investir pour veiller à ce que les services sociaux de qualité reposent sur des emplois de qualité.
En solidarité avec d’autres syndicats et le mouvement de la société civile, l’ISP et ses affiliés entendent militer vigoureusement pour l’amélioration des salaires et des conditions de travail des personnels soignants, et pour des services de petite enfance de qualité – deux des principaux éléments de notre engagement en faveur de l’égalité des genres d’ici à 2030.