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NAGPUR, Inde – A la mi-janvier, le Syndicat des employé(e)s municipaux/ales de Nagpur (Nagpur Municipal Corporation Employee’s Union, NMCEU), 25 organisations locales de la société civile, ainsi que des organisations des quatre coins du pays ont entamé deux semaines d’événements majeurs afin de braquer les projecteurs sur l’échec du programme de privatisation de l’eau, qui s’inscrit dans le cadre des partenariats public-privé (PPP) de la ville de Nagpur, et ont lancé un appel à l’annulation du contrat et à la remunicipalisation des services de distribution.
Organisés dans le cadre d’un mouvement national, ces événements sont portés par une pétition mondiale signée par plus de 18 000 personnes et 700 organisations issues de 20 pays différents.
Approuvée par les affiliés du Forum indien d’action sociale (Indian Social Action Forum, INSAF) et de l’Internationale des Services Publics (ISP), cette pétition représente la dernière initiative d’un mouvement mondial visant à protéger le droit humain à l’eau contre les PPP et autres formes de privatisation de l’eau.
Cette grande manifestation vise à empêcher le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi de reproduire le modèle de Nagpur, qui s’est soldé par un échec, dans le cadre de ses projets de développement urbain pro-PPP récemment lancés à l’échelle nationale, dont les « Villes intelligentes » et la mission AMRUT (Atal Mission for Rejuvenation and Urban Transformation), ciblant 600 municipalités. Le Premier ministre lui-même a explicitement demandé que le projet Nagpur soit utilisé comme modèle.
« L’ISP se tient aux côtés du syndicat des travailleurs/euses de Nagpur, ainsi que de toutes les organisations partenaires en Inde, qui tentent de tirer la sonnette d’alarme sur le soutien malavisé de la Banque mondiale à la privatisation et aux soi-disant partenariats public-privé », a déclaré Rosa Pavanelli, la Secrétaire générale de l’ISP. « Nous ne comprenons toujours pas les raisons pour lesquelles la Banque mondiale s’obstine à ne pas tirer les leçons de ses erreurs et de ses propres recherches. En tant que banque, peut-être considère-t-elle ces programmes comme un moyen efficace d’octroyer des financements, bien que les chances de réduire la pauvreté grâce à cette opération restent minces. Cependant, les travailleurs/euses et les militant(e)s de la communauté déploieront tous leurs efforts en vue de mettre un terme à la propagation de la privatisation en Inde ».
Dans la même optique, Jammu Anand, le Président du NMCEU, un affilié de l’ISP qui s’oppose depuis huit ans à la privatisation de l’eau imposée par les autorités municipales de Nagpur – dont les services de distribution sont gérés par la société Orange City Water Pvt. Ltd –, a affirmé qu’« à Nagpur, le programme des PPP a permis aux sociétés de tirer profit d’un système de distribution d’eau censé être public, alors que les travailleurs/euses souffrent et que leurs familles non seulement luttent pour parvenir à payer des factures d’un montant exorbitant, mais aussi pour continuer à vivre malgré les coupures d’eau qui menacent leur vie ». Il ajoute que l’idée du gouvernement indien « d’appliquer le modèle de Nagpur – qui constitue une violation flagrante du droit humain fondamental à l’eau – à des centaines de villes et à des millions de personnes en Inde, est bien trop dangereuse et place les intérêts du secteur privé avant la vie humaine ».
Le PPP sur l’eau de Nagpur a entraîné des coupures d’eau, des factures exorbitantes, un service de piètre qualité et des retards considérables – autant de conséquences qui sont habituellement observées dans le cadre d’une privatisation de l’eau et qui sont détaillées dans les rapports de Corporate Accountability International, intitulés Shutting the spigot on private water (Fermer le robinet de l’eau privée) et Behind World Bank spin (Au cœur de la stratégie de la Banque mondiale). Le cas de Nagpur a fait grand bruit au sein de la communauté internationale lorsqu’une coalition d’organisations de la société civile a décerné à Veolia, dont la filiale est partenaire à 50 % du service à gestion privée de Nagpur, le « Prix Pinocchio » pour violation des droits environnementaux et sociaux.
Les piètres résultats de Veolia dans le secteur de l’eau ont été fortement relayés, notamment dans le rapport accablant intitulé Troubled waters (En eaux troubles). Tout récemment, des procureurs roumains ont inculpé le PDG de la filiale de Veolia à Bucarest de corruption et de trafic d’influence.
Malgré les résultats désastreux du modèle de Nagpur, la Banque mondiale le considère toujours comme un véritable succès et Veolia, tout comme son concurrent Suez, espère tirer profit d’une expansion de la privatisation de l’eau dans tout le pays. Jusqu’en 2014, la Banque mondiale détenait même des parts dans la filiale de Veolia en contrat à Nagpur. Désormais, la Banque mondiale, qui a activement défendu et promu le modèle de PPP, est en cours de négociations avec le gouvernement Modi en vue de financer le développement de ce modèle.
« Au regard de la poursuite de ces projets de privatisation de l’eau, la Banque mondiale continue de confondre "développement" et "bénéfices" », a déclaré Shayda Naficy, experte en privatisation de l’eau chez Corporate Accountability International. « Depuis des années, la Banque mondiale fait la sourde oreille face aux inquiétudes exprimées par les personnes les plus touchées par cette ambition dogmatique. Mais si chaque habitant(e) de la planète fait entendre sa voix, elle ne pourra plus continuer à se voiler la face ».
La vive attention portée au cas de Nagpur fait écho à une campagne lancée en octobre 2014 à Lagos, au Nigeria, la plus grande ville du continent africain, qui a permis d’obtenir l’annulation d’un contrat de conseil sur les PPP dans le domaine de l’eau proposé par la Banque mondiale et de retarder un projet de privatisation à grande échelle, qui semblait toutefois imminent. Parallèlement aux événements en Inde, Corporate Accountability International a levé le voile sur un nouveau rapport, intitulé The truth about public private partnerships (La vérité sur les partenariats public-privé), qui dément toutes les idées reçues sur cette forme de privatisation de l’eau.
Le Président de la Banque mondiale, Dr Jim Yong Kim, l’économiste en chef Kaushik Basu, le responsable des services d’eau, Junaid Ahmad et le directeur des opérations de la Banque mondiale pour l’Inde, Onno Ruhl, n’ont pas pris la peine de répondre à l’invitation lancée en décembre par les organisations de Nagpur à un événement organisé dans la ville le 29 janvier, en vue d’entendre le témoignage des habitant(e)s de Nagpur sur les PPP dans le domaine de l’eau.
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Source : Corporate Accountability International
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