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Lami Özgen, le président de la KESK, a été l’une des personnes arrêtées. Après sa libération le 29 juin, il a déclaré que les syndicalistes arrêtés étaient détenus dans des prisons de « type F-haute-sécurité », prisons construites pour les gens reconnus coupables de terrorisme.
Dans les prisons de type F-, les détenus se retrouvent à trois par cellule. Ils ont juste une demi-heure de temps de visite de leur famille chaque semaine. Les visiteurs et les prisonniers sont séparés par un écran de verre et parlent par l’intermédiaire d’un téléphone – une seule fois par mois ils ont le droit de se rencontrer dans une même pièce. Généralement, les membres officiels du syndicat n’ont pas le droit de rendre visite.
Sur les 58 personnes nommées dans les mandats d'arrêt, six ont échappés à l’arrestation car elles n’étaient pas chez elles au moment où la police est arrivée. En date du 3 juillet, 28 personnes sont toujours en prison. De plus 14 autres syndicalistes, qui n’étaient pas inscrits sur les mandats d’arrêt, ont également vu leurs maisons perquisitionnées.
Dans les 12 heures suivant les arrestations, les membres de la KESK avaient organisé des manifestations à travers toute la Turquie. A Istanbul, quelques 4,000 personnes ont manifesté le soir dans le centre-ville, et des actions similaires ont eu lieu dans d’autres villes du pays.
« Tous ceux qui étaient concernés par un mandat d’arrêt ont été accusés de la même chose » confirme Lami Özgen. « C’est d’avoir participé aux réunions de la KESK et autres activités, entre le 8 août 2011 et fin juin 2012 ». Les autorités turques affirment que ces réunions sont illégales parce que, disent-elles, elles ont eu lieu sur l'ordre du KCK, l'Union des Communautés du Kurdistan, laquelle est liée au PKK, le parti des travailleurs kurdes interdit.
Les « activités illégales » citées dans les mandats d'arrêt comprennent une réunion syndicale le 8 octobre 2011 à Ankara sur le thème «La vie humaine dans une Turquie libre et démocratique» (l’ironie est que la police avait autorisé cette réunion) ; un jour de grève le 21 décembre pour la défense du droit de grève et de la négociation collective; et des campagnes du syndicat des enseignants contre les changements dans leurs pratiques professionnelles.
Lami Özgen est convaincu que le fait que les médias aient rapporté ces activités a fourni l’opportunité au procureur de prétendre qu’elles étaient liées au KCK. Une agence de presse en particulier, le FIRAT, qui édite en turc, anglais et kurde, a publié les activités de la KESK.
La série d’arrestations du mois dernier est loin d’être la seule attaque contre les syndicalistes en Turquie. Le 13 février, 15 femmes membres de la KESK ont été arrêtées parce qu’elles avaient tenu des réunions pour discuter de la Journée Internationale de la femme le 8 mars. Le procureur a prétendu que ces femmes avaient aussi des liens avec le KCK. Six d’entre elles ont été libérées sous caution, mais 9 sont toujours retenues dans une prison de « type F », dans l’attente du début de leurs procès le 4 octobre.
Lami Özgen souligne que ses membres ne sont pas les seuls à faire face à ce type d’accusations. Beaucoup d’écrivains, de journalistes, de membres du parlement et d’étudiants sont aussi en prison. Le 29 juin, quatre jours après les arrestations des membres du syndicat de la KESK, les journalistes ont manifesté à Istanbul, en soutien à 95 collègues emprisonnés. Le 2 juillet a débuté un procès majeur dont les 205 accusés – comprenant des journalistes et un éditeur renommé – sont accusés d’avoir des liens avec le KCK.
Dans son Rapport sur les pays et les pratiques des droits de l’homme pour 2011, le Département d'Etat américain dresse la liste de ses préoccupations au sujet d’abus en Turquie. En haut de cette liste se trouve le système judiciaire défectueux. Le rapport critique les lois trop étendues de la Turquie sur le terrorisme, la longue détention préventive, le manque de transparence, l’accès restreint de la défense aux preuves et les relations entre les procureurs et les juges.
Tim Baster et Isabelle Merminod