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Selon Amnesty International, la Turquie accueille 1,9 million de réfugié(e)s venant de Syrie, soit plus que tout autre pays au monde. Plus de 4 millions de réfugié(e)s syrien(ne)s (95 %) vivent dans seulement cinq pays, à savoir la Turquie, le Liban, la Jordanie, l’Irak et l’Égypte.
Les recherches sur le terrain ont été conduites dans les provinces d’İzmir et de Hatay, au cours de l’été 2014. L’étude repose sur des questions semi-structurées afin de tenter de déterminer l’état de la situation. Dans le cadre de cette étude, des entretiens ont été menés auprès de réfugié(e)s syrien(ne)s, de dirigeant(e)s syndicaux/ales, de représentant(e)s d’ONG et de représentant(e)s officiel(le)s des organismes d’intervention en situation d’urgence et de catastrophe chapeautés par le gouvernement.
Photos par: Erhan Arık and Vedat Arık
La Turquie n’est pas un pays qui accepte les réfugié(e)s. Si ce dernier a ratifié la Convention de Genève de 1951 et le Protocole relatif au statut des réfugiés, il a toutefois imposé une « restriction géographique ». Ainsi, les personnes provenant d’une autre région que l’Europe ne sont pas reconnues comme des réfugié(e)s.
Le statut juridique des réfugié(e)s syrien(ne)s est lourd de conséquences en termes d’accès aux services publics, et en particulier aux services de santé. Une majorité écrasante de réfugié(e)s ne parlent pas le turc et ne savent pas vers quelle institution se tourner s’ils/elles se retrouvent confronté(e)s à des conditions de vie difficiles, notamment au regard du logement, de la sécurité, de la santé, de l’alimentation et de l’éducation – autant d’éléments qui peuvent les conduire à l’exclusion sociale.
Environ 12 % des Syrien(ne)s vivent dans les 25 camps que recense le pays et, même si leurs conditions de vie sont difficiles, ils/elles disposent d’un accès gratuit aux soins médicaux. D’après le rapport, 88 % des Syrien(ne)s, qui n’ont pas trouvé refuge dans des camps, rencontrent des difficultés à accéder aux services de santé, et ce, notamment en raison de leur statut juridique et des barrières linguistiques.
« Des services de soins de santé de qualité et accessibles constituent un droit humain fondamental et doivent être gratuitement mis à la disposition de tous », a déclaré Rosa Pavanelli, la Secrétaire générale de l’ISP. « Quel genre de civilisation sommes-nous devenus si nous empêchons les personnes qui fuient leur pays pour sauver leur vie d’accéder gratuitement aux droits humains fondamentaux tels que la santé, l’éducation et la protection sociale ? »
Les réfugié(e)s sont également victimes de discrimination et d’attaques racistes, tant de la part des travailleurs/euses de la santé que des populations locales. Certains médecins « refusent même de traiter les personnes qui ne parlent pas la langue », signale le rapport. Le nombre croissant de patient(e)s dans les hôpitaux a fait naître des tensions entre les réfugié(e)s et les populations locales, ainsi qu’entre les travailleurs/euses de la santé et les patient(e)s.
Mais de tous/tes les réfugié(e)s, ce sont les enfants qui pâtissent le plus de la situation. Ils sont mal nourris, ils grandissent dans l’isolement social, ils sont indirectement victimes des problèmes psychologiques de leurs parents, ils ne bénéficient pas de traitement approprié pour se soigner, ils sont abusés sexuellement et, si leurs parents ne parviennent pas à trouver un logement permanent, ils ne peuvent pas exercer leur droit à l’éducation.
Mais l’un des aspects les plus inquiétants dans cette crise des réfugié(e)s, ce sont les rapports d’Europol, l’office européen de renseignement, qui révèlent qu’au moins 10 000 enfants réfugiés non accompagnés ont disparu depuis leur arrivée en Europe, après avoir été enregistrés auprès des autorités. Europol suspecte que les réfugié(e)s sont à présent devenu(e)s la cible de bandes organisées de trafic d’êtres humains paneuropéen.
Selon les estimations de l’UNICEF, 110 000 enfants ont demandé l’asile en Europe au cours des six premiers mois de l’année 2015, ce qui représente le plus grand déplacement d’enfants à travers le continent depuis la Deuxième Guerre mondiale.
En outre, l’ISP soutient pleinement la CSI qui a interpellé le FMI au regard de sa recommandation d’une mise en œuvre de « dérogations temporaires et limitées au salaire minimum pour les réfugiés ». Recommander une structure salariale à deux niveaux, reposant sur le seul statut migratoire d’un(e) travailleur/euse, est discriminatoire, contraire au droit international et n’est pas économiquement sain.
Cette étude, qui a pu être menée à bien grâce au soutien de l’affilié suédois de l’ISP Kommunal, a été dévoilée à Ankara le 6 février au siège du SES – l’un des onze affiliés de l’ISP dans le pays.
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