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L’ISP condamne l’assassinat de la militante indigène Berta Cáceres au Honduras

06 Mars 2016
Berta Cáceres, chef de file de la défense de la cause indigène
L’Internationale des services publics s’associe à d’autres organisations pour recueillir des signatures en vue d’organiser des actions de protestation auprès des consulats et ambassades du Honduras avant la session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, qui se tiendra la semaine prochaine à Genève.

L’ISP considère que Berta Cáceres est une victime de plus de la voracité des puissantes sociétés transnationales qui cherchent à s’approprier les biens communs de l’humanité, et de la hausse alarmante des taux de « féminicide » visant à faire taire les femmes dans l’espace public et privé.


COMMUNIQUÉ

4 mars 2016, planète Terre


Berta Cáceres, chef de file de la défense de la cause indigène et représentante pendant plus de vingt ans du Consejo Cívico de Organizaciones Populares e Indígenas de Honduras (Conseil civique d’organisations populaires et indigènes du Honduras – COPINH), a été assassinée par des hommes armés « inconnus » le jeudi 3 mars au petit matin à son domicile, situé à La Esperanza, dans le département d’Intibucá, à 188 km de Tegucigalpa.

En plus d’être une fervente militante des droits du mouvement paysan et indigène hondurien, Berta Cáceres se distinguait par la motivation qu’elle inspirait et la lutte sociale qu’elle menait aux niveaux régional et continental pour défendre la justice sociale et environnementale, et plus particulièrement pour résister aux mégaprojets d’exploitation minière et hydroélectrique.

Non seulement Berta avait très bien compris que les traités de libre échange faisaient partie du même engrenage que celui qui assurait l’impunité des entreprises transnationales, mais elle se battait par ailleurs pour la santé et pour la terre, et contre le patriarcat et la violence. Elle s’était opposée au coup d’État du 28 juin 2009 qui, selon le COPINH, mettait une instance violente au service des entreprises transnationales pour piller les biens communs et réprimer les organisations sociales contestataires. En outre, elle s’était exprimée fermement contre l’installation de bases militaires américaines sur le territoire du peuple indigène lenca.

En avril 2015, Berta Cáceres avait reçu le prix Goldman, une des plus prestigieuses récompenses du monde dans le domaine de l’environnement. Ce prix lui avait été décerné pour sa collaboration à la défense du territoire des Lencas, menacé par les conséquences néfastes et désastreuses de la construction du projet hydroélectrique d’Agua Zarcala, réalisé par la société transnationale chinoise SINOHYDRO et l’entreprise hondurienne Desarrollo Energético Sociedad Anónima (DESA). Le peuple lenca dénonce depuis des années la violation du droit à l’eau comme source de vie et de culture, et le harcèlement infligé par les entreprises, les paramilitaires et le gouvernement.

Berta Cáceres était mère de quatre filles et faisait l’objet de mesures de précaution de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), aux termes desquelles elle devait bénéficier d’une protection spéciale assurée par le gouvernement hondurien. Néanmoins, Berta a été assassinée par un État qui protège les intérêts du capital local et des entreprises transnationales dont le but est de s’emparer des territoires et des biens communs ; sa lutte pour la vie et pour les plus démunis lui avait valu à diverses occasions d’être traduite en justice, harcelée et menacée.

La militante hondurienne avait signalé à maintes reprises avoir reçu des menaces de mort, dans le contexte de violence généralisée du pays : 111 militants écologistes ont été tués au Honduras entre 2002 et 2014, d’après le rapport « ¿Cuántos más? » (Combien encore ?) réalisé en 2014 par l’ONG britannique Global Witness, ce qui fait du Honduras le pays le plus violent des 17 pays étudiés, et met en évidence le mécanisme de violence et d’impunité employé par l’industrie minière et hydroélectrique, entre autres, qui favorise les capitaux privés, avec la complicité du gouvernement. Selon l’ONG hondurienne ACI-PARTICIPA (Association pour la participation citoyenne au Honduras), plus de 90% des assassinats et des violations des droits humains à l’encontre des défenseurs honduriens ne sont toujours pas résolus.

Nous prions instamment le gouvernement du Honduras :

  • De mettre fin à l’impunité et de diligenter une enquête sur l’assassinat de Berta Cáceres et de tous les camarades qui luttent pour la justice sociale et l’environnement.
  • De tout mettre en œuvre pour que l’État hondurien assure l’intégrité, la liberté et le respect des droits humains de Gustavo Castro de Soto et d’Aureliano Molina, camarades de Berta Cáceres.
  • De suspendre tous les projets dénoncés par les défenseurs des droits humains, parmi lesquels le projet hydroélectrique d’Agua Zarca dans la région de Río Blanco et le projet de l’entreprise Blue Energy sur les rives du Cangel.
  • De veiller au retrait des entreprises et institutions qui construisent ou financent des projets faisant l’objet de plaintes pour violations des droits humains et défaut de consultation préalable, conformément à la Convention n°169 de l’OIT.
  • De mettre un terme à la persécution et à la criminalisation des personnes qui défendent les droits humains, et d’appliquer les mesures de protection préconisées.

 

Nous faisons part de nos plus sincères condoléances à la famille de Berta Cáceres, ainsi qu’à tous ses camarades de lutte et au peuple lenca, pour ces événements tragiques.

Nous appelons à la mobilisation des citoyens et à la protestation immédiate devant les ambassades et les consulats du Honduras à travers le monde, afin de manifester notre indignation face à ce crime et de rappeler notre exigence de justice.

Nous vous remercions d’envoyer vos signatures à l’adresse suivante : campaign@stopcorporateimpunity.org

Nous avons par ailleurs mis en place une action sur la page Facebook de la campagne mondiale, sur laquelle nous vous invitons à poster les appels aux différentes mobilisations organisées dans les jours à venir.

Pour de plus amples informations :

Pétition pour la protection de Gustavo Castro, blessé au cours de l'assassinat de Berta Cáceres

Article publié par The Guardian (en anglais)

Vidéo de Berta Cáceres lors de la remise du prix Goldman pour l’environnement en 2015

Voir aussi