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France : Vers quel modèle d'accompagnement de la prise en charge des personnes âgées ?

11 Janvier 2019
En France, les EHPAD (Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), parfois appelé « Maison de retraite » accueillent des personnes âgées de plus de 60 ans en situation de perte d'autonomie physique et/ou psychique et qui ne peuvent plus être maintenues à domicile. Il y a en France, 7.200 EHPAD et 10.000 services à domicile, qui assurent l’accueil et l’accompagnement de 1,4 million de personnes âgées et emploient plus de 700.000 professionnels.

Malheureusement, le secteur des personnes âgées en France est confronté à des difficultés structurelles qui mettent en péril une prise en charge de qualité. La CFDT Santé-Sociaux dénonce une très grave situation de sous-effectif et des conditions de travail très dégradées. L’enquête « Parlons effectifs » de septembre 2017 a été reconduite en juin 2018 et le constat reste toujours aussi accablant. Sur les 1723 répondants, 35% ont le sentiment que l’effectif présent le jour de leur réponse à l’enquête n’a pas permis la sécurité des soins, la qualité et la dignité des patients.

Toutes les organisations syndicales s’accordent sur le niveau inacceptable de dégradation atteint dans l’accompagnement des personnes âgées, notamment l’insuffisance des moyens humains et financiers pour prendre en charge dignement nos ainés. Aux difficultés de sous-effectifs viennent s’ajouter des difficultés de recrutement et un fort turn-over du personnel. Le secteur n’attire plus les vocations.

Les personnels travaillant auprès des personnes âgées dépendantes parlent de : « situation indigne », « de maltraitance institutionnalisée », de personnel à « bout de souffle », de « culpabilité de travail mal fait… » Les employeurs du secteur et les responsables d’établissements font le même constat. Unanimement, tout le monde s’accorde sur une urgence : assurer aux personnes âgées un accueil, un accompagnement et des soins plus dignes.

Partout en France, les 30 janvier et 15 mars 2018, des dizaines de milliers de salariés, d’agents des maisons de retraite, d’EHPAD, de long séjour et de services à domicile ont répondu aux différents appels de grèves nationales de l’intersyndicale. Les mouvements de grève ont été très suivis parce que les salariés n’en peuvent plus. Tous les professionnels quelle que soit leur catégorie sont arrivés à un point de rupture. De très nombreux professionnels sont descendus dans la rue crier leur ras-le-bol. Les militants CFDT Santé-Sociaux ont scandé des slogans sur l'air de "Nous sommes des richesses", en écho aux politiques présentant les acteurs de la santé comme un coût.

Les familles, les personnes âgées, les directions, les élus locaux se sont associés au mouvement : « Moi, je viens parce que mon grand-père est en EHPAD et je suis d’accord avec vos revendications. »

Cette succession de mouvements sociaux qui s'enchaînent depuis l'été dernier a amené le gouvernement à réagir et à proposer un « grand plan pour relever le défi du vieillissement » en augmentant le volume des crédits alloués au secteur mais l'effort budgétaire reste "bien trop faible" pour répondre aux besoins.

La CFDT critique quant à elle "un énième saupoudrage" et les syndicats déplorent des annonces qui "esquivent totalement l'urgence des réponses sur les revendications" portées par le secteur, à savoir, l'augmentation du ratio de personnel, la revalorisation des salaires et des carrières, l'amélioration des conditions de travail et la pérennisation du financement de l'aide à domicile.

Le président de la République Emmanuel Macron, a concédé que le manque de professionnels en établissement constitue « un vrai problème » et un « sujet essentiel d'aujourd'hui et encore plus de demain ». Le gouvernement français s’est engagé à ouvrir le chantier de la prise en charge des personnes âgées dépendantes afin de répondre au choc démographique.

Pour la CFDT santé-sociaux, il y a urgence d’appréhender la question de l’accompagnement des personnes vieillissantes au-delà du prisme budgétaire. La CFDT soutient les préconisations du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur son rapport « Vieillir dans la dignité » du 24 avril 2018 :

  • Prévenir, anticiper et financer la perte d’autonomie
  • Adapter l’offre d’hébergement et de services aux besoins et aux attentes
  • Travailler ensemble autrement pour répondre aux exigences d’un accompagnement global et digne en rendant immédiatement opposable pour l’ensemble des EHPAD une norme minimale d’encadrement de personnels soignants « au chevet » des personnes âgées

Espérons que la future stratégie du gouvernement anticipe le long terme et s’inscrire ainsi dans un vrai choix de société. La CFDT a fait savoir sa volonté de prendre toute sa place dans les travaux à venir pour assurer l'émergence d'un nouveau modèle d'accompagnement de la prise en charge des personnes âgées. Le droit à la santé est pour tous !

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