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Ces travailleurs/euses, qui appartiennent au Syndicat des employé-e-s des services sociaux et de santé publique (SES), affilié à l'ISP, participaient à un service d'ambulance bénévole soignant les gens retranchés dans leur sous-sol au cours d'un couvre-feu de 79 jours décidé par l'armée, entre décembre 2015 et mars 2016. Les autorités les accusent de soutenir les terroristes parce qu'ils sont entrés dans la zone pour sauver des vies.
Ce couvre-feu général, qui a restreint tous les mouvements dans l'ensemble de la ville, l'un des plus longs de l'ère moderne, s'inscrit dans le cadre d'une action plus vaste du gouvernement turc dirigée contre les combattants liés au PKK dans la région. Plus de 355 000 personnes ont été déplacées et au moins 338 civils tués.
Sadık Çayan Mulamahmutoğlu, l'un des accusés, a expliqué comment « Les citoyen-ne-s piégés dans leur sous-sol dans la ville de Cizre nous demandaient, en tant que travailleurs/euses de la santé, s'ils pouvaient boire leur urine. Leurs appels étaient diffusés à la télé, mais personne n'y répondait. C'est à ce moment-là que nous avons su qu'il était temps d'agir. » Mulamahmutoğlu et ses collègues ont monté une équipe de professionnels de santé bénévoles et se sont rendus dans la région pour dispenser une aide médicale d'urgence.
Alors qu'ils/elles avaient informé les autorités compétentes de leur mission, ces travailleurs/euses ont été placés en détention par les forces armées turques, les empêchant d'apporter des soins. Ils/elles sont désormais emprisonnés au nom de la loi sur le terrorisme, accusés de propagande et d'appartenir à une organisation terroriste illégale.
Des dizaines d'enfants ont été tués durant le siège. De nombreux autres civils ont perdu la vie par manque de services médicaux. Les organisations humanitaires ont témoigné de vastes abus durant le couvre-feu, dont des exécutions arbitraires et des civils pris pour cibles.
Le gouvernement turc n'avait déjà pas répondu aux injonctions du Haut Commissariat aux droits de l'homme des Nations Unies en faveur d'une enquête externe sur les opérations de l'armée dans la région. La première audience a débuté à 9 heures, le 28 septembre 2018, devant la 3ème Cour d'assises de Mardin, une ville située dans le sud-est du pays.
En sortant de cette audience, le responsable de la santé de l'ISP, Baba Aye, a déclaré : « Le mouvement syndical du monde entier soutient ces travailleurs/euses courageux qui se retrouvent emprisonnés pour avoir fait leur travail : aider des gens dans le besoin. »
Le co-président du SES, Gönül Erden, a indiqué : « Cette affaire ne concerne pas seulement nos collègues, mais l'ensemble de nos valeurs professionnelles et de nos responsabilités en tant que responsables de santé. Il y a bien un crime dans cette affaire, mais les criminels ne sont pas nos collègues, ce sont plutôt ceux qui essayent de les poursuivre. »
Jan Willem-Goudriaan, Secrétaire général de la Fédération Syndicale européenne des Services Publics (FSESP) a déclaré : « Les autorités turques doivent arrêter les poursuites à l'encontre des syndicalistes et bénévoles qui tentent d'aider les travailleurs/euses et habitant-e-s des villes victimes de violence, dans lesquelles les services publics ont été détruits. Nous sommes aux côtés de nos membres, par solidarité, au nom de la paix. Nous voulons qu'ils soient acquittés dans ce procès injuste. »