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Santé publique de qualité pour tous : il est temps d’agir

07 Janvier 2019
L’an passé, l’Assemblée générale des Nations Unies a officiellement donné le titre de journée internationale au 12 décembre et c’est ainsi que le 12 décembre 2018 fut la première Journée internationale de la couverture santé universelle. L’ISP y voit l’occasion de réfléchir aux inégalités inacceptables qui existent en matière de santé dans les pays et entre les pays à travers le monde. Compte tenu de l’abondance des richesses à la disposition des êtres humains et des importantes avancées réalisées au niveau de la prestation des soins de santé, cette situation est injustifiable.

La couverture santé universelle avait déjà été célébrée pour la première fois un 12 décembre il y a plusieurs années à l’initiative de CSU2030, un partenariat réunissant de nombreuses parties prenantes, suite à l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies de la résolution sur la santé mondiale et la politique étrangère (A/RES/67/81), qui recommandait d’intégrer la couverture santé universelle aux discussions sur le programme de développement de l’après-2015. Par la suite, la couverture santé universelle d’ici à 2030 a été ajoutée en 2015 à la cible 3.8 des Objectifs de développement durable.

Le «droit de jouir du meilleur état de santé possible» est un droit humain fondamental. Or, la moitié de la population mondiale n’a pas accès à des services de santé élémentaires et environ 100 millions de personnes dans le monde passent chaque année sous le seuil de pauvreté en raison de leurs dépenses de santé.

L’immense majorité de ces personnes vivent dans des pays à revenu faible et intermédiaire, où les femmes et les enfants sont les premiers à souffrir d’un accès difficile à la santé. Pendant la crise économique mondiale de la dernière décennie, plusieurs millions de pauvres dans les pays à revenu élevé n’ont pas pu bénéficier non plus de services de santé de qualité du fait des mesures d’austérité, de la libéralisation des services de santé et de la marchandisation de la santé.

La santé pour tous n’est pas seulement souhaitable, elle est possible. Mais cela nécessite des décisions politiques fermes de la part des gouvernements, susceptibles de faire reculer le modèle de développement néolibéral dominant. La résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies A/RES/67/81 indique à cet égard que « les gouvernements ont la responsabilité d’intensifier rapidement et considérablement leurs efforts pour accélérer la transition vers l’accès universel à des services de santé de qualité et abordables ».

Au troisième quart du XXe siècle, d’importantes avancées ont été réalisées en direction de la santé pour tous et ont guidé la Conférence d’Alma-Ata et sa vision de « la santé pour tous d’ici à l’an 2000 », il y a quarante ans. Cette tendance en faveur des soins de santé universels s’articulait autour de la généralisation d’un système public de santé solide, suffisamment financé et centré sur la personne. Elle a été freinée par la propension à la mondialisation néolibérale, conjuguée à la question du financement, de la privatisation et de la marchandisation des services sociaux et de santé.

Au cours des quatre dernières décennies, les intérêts privés motivés par le profit ont gagné du terrain dans les prestations des soins de santé. Il s’agit notamment des entreprises multinationales et des conglomérats nationaux du secteur pharmaceutique, des assurances maladie, des services hospitaliers et des services sociaux. Pour ces entreprises, la santé et les services sociaux ne sont qu’un secteur économique de plus qui présente l’avantage d’être lucratif et dont la croissance est estimée à 5800 milliards de dollars par an.

Pour définir et maintenir le contexte normatif qui protège les intérêts commerciaux, le système des multipartenariats est mis en avant, souvent par des fondations. Celles-ci n’ont pas forcément de liens directs avec les entités à but lucratif et, de ce fait, nous pourrions officiellement considérer qu’elles n’ont pas d’intérêt à promouvoir les partenariats public-privé dans le secteur des prestations de santé ni dans le processus politique international de santé, mais leur nature essentiellement philanthro-capitaliste fragilise la capacité et la vision nécessaires à l’engagement des États vis-à-vis des soins de santé publics universels.

Il ne fait aucun doute que tout le monde doit faire des efforts afin que la santé pour tous devienne une réalité. Mais on n’insistera jamais assez sur le fait que les prestations publiques de santé sont la pierre angulaire des soins de santé universels. Or, ce point est souvent absent ou, dans le meilleur des cas, il ne bénéficie que d’une attention passagère dans les débats sur la couverture santé universelle. Les défenseurs de la couverture santé universelle, pour lesquels il s’agit d’un projet impliquant de nombreuses parties prenantes, affirment que le rôle du secteur privé dans la transition vers une couverture santé universelle publique n’est pas clair, contrairement à la maximisation des bénéfices recherchée par les entreprises qui, elle, est très claire.

En phase avec l’approche fondée sur les droits humains à l’égard de la santé, la mobilisation des populations locales et de la société civile est capitale pour demander des comptes aux gouvernements en termes du respect du droit à la santé. Il est impératif de veiller à ce que les entreprises multinationales paient leur juste part d’impôts pour assurer une mobilisation suffisante des ressources nationales afin de dispenser des services de santé de qualité pour tous. La coopération au développement doit contribuer assez pour permettre aux pays ayant de faibles ressources de financer les services publics de santé. Il faut également favoriser les emplois et le travail décent dans le secteur de la santé afin de pouvoir dispenser des soins de qualité.

La cible 3.8 des ODD mentionne un avenir meilleur associé à la santé pour tous. Il y a deux ans, l’ISP a lancé sa campagne mondiale pour le droit à la santé, convaincue qu’elle se concrétiserait sous la forme de soins de santé publics universels. L’ISP, ses affiliés et ses alliés continueront de militer pour des soins de santé universels, reposant sur des systèmes publics de santé solides qui placent sans ambigüité le peuple au-dessus du profit, ce qui permet effectivement de ne laisser personne de côté.

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