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Quelle est la situation actuelle du manque d’accès à l’approvisionnement en eau et à l’assainissement ?
Selon le rapport de l’OMS et de l’UNICEF, plus d’un milliard de personnes dans le monde ne bénéficient pas d’un approvisionnement adéquat en eau ; c’est deux fois plus que le nombre de personnes n’ayant pas accès à un assainissement de base. On estime que l’eau insalubre, l’assainissement inadéquat et le manque d’hygiène sont à l’origine de 9,1 pour cent des maladies et de 6,3 pour cent des décès à l’échelle mondiale, qui ont un impact disproportionné sur les enfants de moins de cinq ans. En outre, le même rapport révèle que le manque d’accès à ces besoins élémentaires exerce un impact sur la charge de travail, la sécurité, l’éducation et l’égalité des femmes. L’accès à une eau salubre et sa disponibilité constitue une condition sine qua non à une croissance durable et au développement des communautés aux quatre coins du monde.
Pourquoi les femmes sont-elles plus touchées que les hommes ?
Bien entendu, les hommes pauvres souffrent eux aussi. Toutefois, les femmes ont un rapport particulier à l’eau dans la mesure où la division sexuelle du travail a perpétué les fonctions et rôles sociaux « naturellement » attribués aux hommes et aux femmes. En cas de pénurie, les femmes et les filles sont les gardiennes de l’eau. Par conséquent, l’accès universel à l’eau et à l’assainissement est fondamental pour libérer les femmes de ce fardeau et leur permettre d’avoir accès au marché du travail, ce qui favoriserait l’égalité des femmes, mais également leur dignité, leur autonomie socioéconomique et leur émancipation.
En cas de pénurie, les femmes et les filles sont les gardiennes de l’eau. Par conséquent, l’accès universel à l’eau et à l’assainissement est fondamental pour libérer les femmes de ce fardeau.
Où résident les tensions les plus importantes ?
Les tensions sont nombreuses. Par exemple, les sociétés minières ont besoin d’eau pour extraire les minéraux précieux de la roche nue. Au cours de l’année 2005, on estime que 4 020 millions de gallons d’eau ont été destinés aux mines américaines. Les sociétés minières sont les principaux pollueurs d’eau et bénéficient dans de nombreux pays de généreuses incitations fiscales, mais également d’exonérations fiscales et autres concessions, afin d’être encouragées à investir. Pour l’ISP, de telles contradictions sont inacceptables.
Une étude conjointe récemment menée par Christian Aid, ActionAid International, le Réseau Tiers-Monde Afrique, le Réseau pour la justice fiscale-Afrique et Resource Watch Afrique du Sud révèle dans quelle mesure les sociétés minières privent quotidiennement les pays africains de recettes fiscales considérables. En Amérique Centrale et en Amérique du Sud, les tensions se sont également intensifiées en raison des conflits croissants avec les sociétés minières pour l’eau et les terres. Une fois encore, les femmes en sont les premières victimes, mais sont également les premières à organiser la résistance. Voici quelques exemples.
En 2016, à San Jose del Golfo au Guatemala, la communauté a manifesté sa préoccupation au regard d’un projet minier qui risquait de détruire non seulement ses terres, mais également ses sources d’eau. Les femmes ont alors érigé des barricades et lancé un mouvement baptisé La Puya, qui jouit d’une formidable crédibilité tant à l’échelle nationale qu’internationale.
En Amérique Centrale et en Amérique du Sud, les tensions se sont également intensifiées en raison des conflits croissants avec les sociétés minières pour l’eau et les terres. Une fois encore, les femmes en sont les premières victimes, mais sont également les premières à organiser la résistance.
Dans le sud de l’Equateur, une opération militaire mobilisant 2 000 militaires a expulsé les habitants de la communauté Shuar de Nankints. Le Front des femmes et les Défenseurs de Pacha Mama (Frente de Mujeres Defensoras de la Pachamama) sont entrés en résistance contre les déplacements forcés dus à la prolifération des projets miniers dans le pays.
En juillet 2016, au Honduras, Lesbia Yaneth, une partisane des droits des communautés qui milite contre l’attribution de concessions et la privatisation des rivières à La Paz, membre de Copinh, l’organisation à laquelle appartenait également Berta Cáceres, la lauréate du prestigieux prix Goldman pour l’environnement l’an dernier, a été abattue chez elle après avoir reçu des douzaines de menaces de mort en raison de son opposition au barrage « Agua Zarca » sur le fleuve Gualcarque qui, dénonçait-elle, était en cours de construction sans avoir recueilli l’approbation des populations locales.
Que contestez-vous ?
Nous exigeons que les sociétés minières respectent la transparence, les solutions sociales, ainsi que leurs responsabilités fiscale et environnementale. L’argent perdu et toute l’eau gaspillée sont indispensables à nos populations, et en particulier aux enfants et aux femmes, mais également à nos communautés et à notre écosystème. Nous plaidons pour le financement public de services d’eau et d’assainissement publics et de qualité pour tou(te)s.
*Cet entretien s’inscrit dans le cadre de la participation de l’ISP à la Journée mondiale d’action pour #La Justice Fiscale pour les Droits des Femmes de l’Alliance mondiale pour la justice fiscale.
Sources:
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK28449/
https://water.usgs.gov/edu/wumi.html
https://www.pwc.com/gx/en/energy-utilities-mining/pdf/ifrs-mining.pdf
http://wagingnonviolence.org/feature/women-lead-struggle-mining-machismo-guatemala/