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Les travailleurs de la santé tchadiens en grève pour réclamer le paiement des salaires et protester contre les mesures proposées par le FMI

08 Novembre 2016
 André Kodmadjingar (VOA)
Au Tchad, la semaine dernière, les travailleurs de la santé ont entamé une grève illimitée. Les travailleurs, qui sont membres de l'Union des Syndicats du Tchad, du Syndicat National des Enseignants et Chercheurs du Supérieur et de la Confédération Indépendante des Syndicats du Tchad réclament le paiement des salaires non versés ainsi que la suspension des mesures de recouvrement des finances publiques dans le domaine de la santé.

Le gouvernement a bien tenté de discréditer cette action, mais sans résultat. Dans presque toutes les infrastructures de santé, y compris l'hôpital tertiaire national, les services ont été largement suspendus. Un service minimum est toutefois assuré dans les services d'urgence et de trauma dans les hôpitaux.

Les médecins, infirmières, techniciens de santé, techniciens et autres travailleurs n'ont pas perçu leurs salaires depuis au moins deux mois. Cette situation tient en partie aux mesures de recouvrement des finances publiques du gouvernement, sur les conseils d'Institutions Financières Internationales telles que le FMI.

L'effondrement des prix du pétrole sur le marché mondial a provoqué un ralentissement de la croissance économique de ce pays d'Afrique de l'Ouest. La croissance du PIB est passée de 6,9 % à 1,8 % l'année dernière. L'insécurité pose également un défi de taille. L'insurrection de Boko Haram au Nigéria déborde sur le Tchad et d'autres pays voisins.

En juillet, le FMI s'est appuyé sur ce scénario pour encourager le gouvernement tchadien à « limiter ses engagements en matière de dépense » et lui a demandé de « porter ses efforts sur un contrôle plus strict des dépenses et l'amélioration de leur efficacité. » Mais la santé n'est pas un produit, c'est un droit. Et ce droit nécessite un financement adapté, qui comprend le paiement des salaires des travailleurs de la santé en temps et en heure.

L'économie du pays s'est développée de façon exponentielle lorsque le pétrole est devenu la source de revenus la plus importante à l'exportation en 2003. Son PIB, qui oscillait autour des 3 % dans les années 1990, a connu une croissance moyenne de 7 % entre 2001 et 2013. Mais cette croissance bénéficie essentiellement à quelques individus au sein du gouvernement ou qui en sont proches.

La pauvreté est encore un fléau, les indices de pauvreté battant de piètres records, même par rapport à d'autres pays de l'Afrique Subsaharienne. Le pays est classé 7e pays le plus pauvre au monde selon l'indicateur de développement humain des Nations Unies. Les réformes qui limitent le financement des services de santé publique ne feront qu'aggraver une situation déjà terrible pour des millions de Tchadiens appauvris.

Mettre un frein à la corruption et aux taxes élevées permettrait d'étendre la base des revenus nécessaires au financement des services publics et améliorerait le quotidien de millions d'individus pauvres dans les zones urbaines et rurales du Tchad. On s'approcherait alors d'une société plus inclusive.

La lutte des travailleurs de la santé dans le pays est donc d'une importance capitale. Elle réclame le droit à un travail décent et à la justice sociale.

 

 

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