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Les juges ont écouté les arguments pendant plus de 8 heures, puis ont décidé en quinze minutes de libérer les vingt-deux accusés après que le procureur ait accepté qu'ils soient tous libérés. Selon KESK (la confédération du secteur public indépendant auquel les syndicalistes appartiennent), cinq accusés ont été autorisés à se défendre en kurde – ce qui était considéré comme illégal jusqu'à récemment.
Importante délégation internationale
Les vingt-deux syndicalistes libérés font partie d'un groupe de soixante-douze membres arrêtés le 25 juin 2012.
La première audience du procès, le 10 avril, a été précédée par un rassemblement de 500 syndicalistes, dont une importante délégation internationale, devant le tribunal. Cette délégation était également présente par la suite dans la salle d’audience archi-comble observant le procès.
La délégation internationale du travail comptait des représentants des syndicats affiliés à PSI, tels que Kommunal et Vision de Suède. Jasper Goss, le responsable des projets de PSI, s'est adressé au rassemblement par ces mots: "La lutte des syndicats KESK est la lutte de PSI. Les syndicats de KESK, BES, SES, Yapi Yol Sen et Tum Bel-Sen sont des affiliés de PSI, c'est donc aussi la lutte de PSI. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour défendre vos droits et libertés. Nous allons, avec nos camarades du mouvement syndical international, mettre en lumière les attaques contre les syndicats et les travailleurs en Turquie".
Manfred Brinkmann, secrétaire international du syndicat des professeurs en Allemagne, a déclaré: "Je pense que c’est un grand succès de la solidarité internationale. Je n'ai jamais vu une si importante délégation internationale de syndicats, venant de huit pays européens." D’après Brinkmann, le début des négociations de paix entre le gouvernement et le PKK armé (Parti des travailleurs du Kurdistan) a certainement contribué à ce résultat.
Ce n'est pas la seule répression dirigée contre la confédération des syndicats KESK : en plus de l'arrestation du 25 juin 2012, quinze femmes, elles aussi membres de KESK, ont été arrêtées en février 2012, de même que 169 autres membres de KESK le 19 février 2013.
Conditions de détention éprouvantes
Les syndicalistes ont essentiellement été détenus dans des prisons de haute sécurité. Osman ISCI est l'un des membres libéré de KESK. Il est aussi membre du comité exécutif de l'Association des droits de l'homme en Turquie (IHD) et du Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l'Homme (REMDH). Il a décrit son emprisonnement:
"Nous étions trois dans chaque cellule. Et nous n’avions le droit de voir notre famille qu’une heure par semaine, c’est à dire quatre heures par mois en tout. J'avais le droit de parler par téléphone avec ma famille dix minutes par semaine et de voir d'autres détenus trois heures par semaine... C'était l’isolement total".
KESK n'est pas le seul groupe de la société civile qui subit la dure répression du gouvernement. Les avocats, les journalistes, les membres de partis politiques légaux et les étudiants subissent un harcèlement constant en raison de lois anti-terroristes étendues que le gouvernement utilise comme moyen pour réprimer les syndicats indépendants.
Amnesty dénonce les procès pour terrorisme
Amnesty International et d'autres organismes de défense des droits humains ont très souvent critiqué les lois sur le terrorisme et la procédure judiciaire turques. Le 22 février 2013, Amnesty déclarait: "Le gouvernement turc doit modifier la définition vague et trop large du terrorisme dans le droit turc pour l’amener au niveau des normes internationales." Amnesty a également critiqué "l’étendue des abus commis lors de poursuites dans les cas d’accusation de terrorisme."
Osman ISCI a dit que même le procureur a approuvé leur libération parce que les membres de KESK sont tous des fonctionnaires et donc peu susceptibles de s’enfuir. "Il reste que nous avons été libérés après dix mois de détention, lors de la première audience. On peut donc penser que, si la première audience avait eu lieu cinq mois plus tôt, nous aurions été libérés il y a cinq mois".
Beaucoup d'autres membres de KESK sont toujours en prison et beaucoup d'autres - y compris les 22 membres libérés - doivent encore affronter leur procès.
Rapport de Public Services International par Tim Baster et Isabelle Merminod.