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Le Forum de la CEE-ONU sur les PPP dominé par le secteur privé

06 Avril 2016
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La Commission Economique des Nations Unies pour l’Europe a essuyé de nombreuses critiques pour son manque de démocratie et sa tendance quelque peu démagogique à privilégier le secteur privé, alors qu’elle s’efforce de définir des normes mondiales régissant les partenariats public-privé.

Une coalition d’organisations de la société civile, dont l’ISP fait partie, a rédigé une lettre ouverte à l’attention du Forum sur les PPP qui s’est clôturé le 1er avril, afin de remettre en question le modèle de PPP prôné par la CEE-ONU au regard de l’offre de services publics.

David Boys, le Secrétaire général adjoint de l’ISP, a déclaré : « Lorsque l’on observe le travail de la CEE-ONU, il est clair que pratiquement tous les acteurs les plus importants manquent à l’appel, alors que les grandes entreprises exercent quant à elles une influence indue sur le processus. Au vu de la complexité de la tâche, il est impératif de répondre à la participation du secteur privé par des processus démocratiques et participatifs visant à garantir la primauté des droits humains et de l’intérêt général. »

« J’admets que nous aurions dû privilégier une meilleure représentation de la société civile dans le cadre de ce processus », a reconnu le Secrétaire exécutif de la CEE-ONU, Christian Friis-Bach, après que l’ISP a soulevé l’inquiétude des syndicats et des autres organisations lors de la séance plénière.

« La participation croissante du secteur privé dans le processus décisionnel, comme lors de ce Forum sur les PPP, se révèle particulièrement inquiétante. Nous avons pu constater que la privatisation et les PPP se traduisaient souvent en suppressions d’emplois et en une restriction de l’accès aux services publics essentiels dont nos communautés ont besoin », a ajouté David Boys.

Il a laissé entendre que la CEE-ONU prenait en compte les orientations majeures exposées dans le récent document de l’ONU, ainsi que d’autres analyses essentielles mentionnées dans la lettre ouverte.

Dès le départ, le Président du Programme de PPP de la CEE-ONU, Geoffrey Hamilton, a certifié que les PPP constituaient la seule solution pour atteindre les ODD. David Boys a contesté ce point de vue, en mettant en lumière de nouvelles alternatives et pratiques, telles que le recours croissant aux partenariats public-public et la vague de remunicipalisations des services de distribution d’eau. Une réforme approfondie de la fiscalité des entreprises, qui permet à l’heure actuelle aux multinationales d’éluder plus de 3 billions de dollars d’impôts par an, pourrait permettre de trouver les revenus nécessaires pour étendre les services publics, dans la lignée des Objectifs de développement durable des Nations Unies, a ajouté David Boys.

Les conflits d’intérêts sont manifestes dans les travaux de la CEE-ONU. Peter Ward, Chef de projet relatif aux normes sur les PPP de la CEE-ONU dans le secteur de la santé, est également Directeur de la santé au sein de John Laing Group, une société privée d’infrastructure, qui a été qualifiée de « visage intolérable du capitalisme » par le député conservateur Edward Leigh, à la suite des défaillances survenues dans un certain nombre de PPP dans le domaine de la santé, au Royaume-Uni. Avant son entrée à la Bourse de Londres en 2015, John Laing Group était détenu par Henderson Infrastructure, une holding basée dans le célèbre paradis fiscal de Jersey.

L’un des éminents intervenants a tenté de mettre en lumière l’expérience positive des PPP dans le système carcéral néo-zélandais. Comble de l’ironie, Serco, la société impliquée dans ce cas, a récemment perdu le contrat de la direction de la prison Mt Eden en raison de ses piètres performances. La Secrétaire nationale de l’Association néozélandaise des services publics (NZ Public Services Association), Erin Polaczuk, a clairement fait comprendre que « Serco n’aurait, dès le départ, jamais dû se voir octroyer le contrat ».

 

 

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